Page:Variétés Tome I.djvu/89

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ment ; je voys bien neantmoins que je ne pourray pas ce jourd’huy retourner à Paris : parquoy, allons paisiblement en rachevant nostre propos.

Pontoise. N’est-ce pas assez deviser de cette matière ? Je prouve que je ne suis pas de Normandie pour estre natif de Pontoise ; pour en faire foy, demandez à tous ceux de la ville : ils vous diront qu’ils n’en sont pas.

Paris. Ils n’ont pas toujours dict ainsi ; j’ay ouy dire que le roy feit un impost en l’Isle-de-France pour subvenir à ses affaires. Adonc le commissaire des tailles envoya une commission aux bourgeois de Pontoise, lesquels la refusèrent, se disant estre de Normandie, et non subjectz à l’Isle-de-France. Or il y a une reigle en droict qui dict que volenti et consentienti non fit injuria neque dolus. Puis donc qu’ils ont confessé estre de Normandie, il me semble qu’on ne leur faict poinct injure en les interpellant Normands.

Pontoise. Quand ils avoient faict telle responce que vous dictes, encore n’est-ce pas pour prouver peremptoirement qu’ils fussent de Normandie.

Quand les Galaodites guetoient les Effraites au passaige de Jourdain pour les esgorger et outrager, lesdicts Ephraites nioyent leur lignée et nation. En cas pareil, sainct Pierre, interrogué des juifs s’il estoit de Galilée, dict non, pour craincte que les juifs luy eussent peu faire. Ainsy diray-je de messieurs de Pontoise, lesquels, voyant qu’on les vouloit outrager en leurs biens, les faisant payer un impost faict à la volée, ils ont dict qu’ils n’estoyent subjectz de l’isle-de-France, comme ainsy soit que desjà