Page:Variétés Tome III.djvu/215

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nes. À ces mots, le grand pontife et tous ses compagnons demeurent bien estourdis, se regardans l’un l’autre sans pouvoir dire mot, quand le grand seigneur commanda qu’ils fussent pris et livrez ès mains des bourreaux et mis en pièces, à la mode du pays, puis brullez et mis en cendre ; ce qui fut executé peu après, à laquelle execution plusieurs Turcs, ayans sceu pourquoy on les faisoit mourir, prindrent les armes et se ruèrent sur la justice pour les sauver. Mais le grand seigneur, adverti de tel revoltement, y envoya ses gardes, qui taillèrent en pièces tous les contredisans, et rendirent la justice maistresse jusques à ce que la poudre des corps brullez de ces miserables fut jettée au vent. La justice donc parfaicte, le grand seigneur demande à ses princes et bachats s’ils vouloient pas comme luy prendre la loy catholique, apostolique et romaine, qui luy respondirent que ouy, hormis deux des plus apparens de l’assemblée, qui gaignèrent la grand place de Constantinople, tout devant le grand temple de Mahommet, où, avec une grande partie de mutins illec assemblez, opiniastres en leur loy mahommetiste, se bandèrent contre ceux qui vouloient suivre le vouloir du grand seigneur, tellement que à grans coups de cimmeterres et à coups de traicts, furent deffaicts par le tout de la ville environ huict mil, tant hommes que femmes ; à quoy le seigneur remedia incontinent, car il envoia si bon nombre d’archers et gendarmes, que tous les rebelles furent deffaits et mis en route5. Cela fait, et le lendemain, le chrestien, par


5. Route ou roupte, pour déroute, de ruptus, rompu. Pasquier et Cl. Fauchet employent souvent ce mot dans ce sens.