Page:Variétés Tome III.djvu/54

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avec sa robbe mi-party, le nez enfariné, jouant de sa cornemuse, faisoit danser son chien Courtault, ou, par une subtilité de la main, faisoit courir sur son bras sa petite beste faicte d’un pied de lièvre, qu’ils croyoient fermement estre vivant, tant ils avoient l’esprit innocent. C’estoit là le plesir des bourgeois ; et au sortir de là, pour discourir de ce qu’ils avoient veu, ils s’embarquoyent dans un cabaret, où ils faisoient un gros banquet à dix-huict deniers l’escot, où la pièce de bœuf aux navets servoit de perdrix.

Pour le menu peuple et gens de boutique, pour la peyne qu’ils avoient eue toute la sepmaine à travailler, ils prenoient congé les festes, pour jouer à la savatte parmy les rues, ou à frappe-main59, où les maistres et maistresses prenoient moult grand plesir, à cause de quoy ils avoient le soir demy-setier par extraordinaire, et non davantage, encore que le muids de vin ne coustoit lors que cinquante sols60.

Pour les officiers des Cours souveraines et subal-


la potence, en 1570. « Là, dit Delrio, il fit si bien par son art magique, que le bourreau, croyant le pendre, pendit à sa place la mule du premier président. » (Diquisit. magiq., liv. 3.)

59. C’étoit en effet l’usage, et l’on sait l’histoire de la grande émeute soulevée à Sens, du temps de Louis XI, par un apothicaire qui, après s’être mêlé dans la rue à l’une de ces parties de main-chaude ou de taquemain, comme on disoit aussi, ne voulut pas consentir à prendre la place du patient. V. Almanach de Sens pour les années 1763, 1764 et an III (1795).

60. Il étoit plus cher déjà sous Henri III : il se vendoit deux sols la pinte. L’ordonnance sur le faict de la police gé-