Page:Variétés Tome IV.djvu/225

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Le plaisir qu’il avoit d’estre hors du danger.
Tabarin, le voyant, s’en vint le langager4,
Jugeant à sa façon que c’estoit un bon drole,
Et qu’ils avoient été nourris en mesme ecole.
Je ne m’estonne point s’ils se firent acueil,
Car toujours le pareil demande son pareil.
Si tost que Tabarin eut fait la connoissance5,
Garguille s’ecria : Que j’ayme ta presence !
Incomparable esprit, subtil, facetieux,
Personne ne te hait sous le bassin des cieux ;
Que j’ay pris de plaisir à lire ton beau livre !
Je n’avois autre soin, autre bien, que de suivre
Tes beaux enseignemens, qui sont poudrez d’un sel
Tel que nos devanciers n’en goustèrent de tel !
L’autre, à qui ce discours sentoit comme du baume,
Et qui n’eust tant prisé la lecture d’un pseaume,
Se voulut informer des bons garçons du tans
Et de ce qui s’est fait depuis vingt ou trente ans ;



4. Cette rencontre de Gauthier Garguille et de Tabarin dans les enfers donneroit à croire que celui-ci n’avoit pas longtemps joui de la fortune qu’il s’étoit faite avec Mondor, son maître, et que sa mort funeste, dont nous avons parlé dans une note de notre édition des Caquets de l’Accouchée, p. 252, avoit suivi de près l’année 1630, où nous commençons à voir Padel le remplacer sur les tréteaux de la place Dauphine. Ce dernier farceur, nommé dans une pièce de notre tome 3, p. 151, est donné comme successeur de Tabarin dans l’avertissement de l’Amphitrite, poème de nouvelle invention, 5 actes en vers, par M. de Monléon, Paris, veuve Guillemot, 1630, in-8.

5. Tabarin n’avoit guère besoin d’entrer en connoissance avec Gauthier Garguille, s’il est vrai que celui-ci eût épousé sa fille. (Piganiol, t. 3, p. 386.)