Page:Variétés Tome IV.djvu/268

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De ceux qui ont leur ressemblance,
Je te conjure vivement
D’avoir Courtault en ton idée :
Car je suis l’image empruntée

De ton naturel ornement.

Que si la sterile nature
M’a formé d’une autre figure
Que tu n’estois, Lyco-phagos,
Pour le moins j’ay le mesme office
Et, servant en mesme police,
Porte un mesme faix sur mon dos.

Et qui pis est, cas lamentable !
Pour me rendre à toy plus semblable,
Bien que ce fust contre mon gré,
À cause de mes demerites,
Me rendant leger de deux pites,
Après ta mort on m’a hongré.

Je suis courtault à toute outrance,
Si courtault jamais fut en France ;
Mais ce qui me met en courroux,
C’est que ma nature infertile
Faict qu’on me prent souvent en ville
Pour un chien de Toupinambou 11.



11. C’est-à-dire chien d’Amérique, et comme lui n’aboyant plus. C’étoit, on le sait, une croyance généralement répandue que les chiens perdoient la voix rien qu’en touchant la terre du Nouveau-Monde. J’ai dit dans une note d’une pièce précédente ce qui avoit rendu à cette époque le nom des Topinamboux très populaire à Paris.