Page:Variétés Tome IV.djvu/280

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tesmoingnoit sa pusillanimité ; enfin, que les Chapons ne sont bons qu’à commencer une alliance où les Coqs la peuvent achever par effect.

L’advocate des Chapons alleguoit quelques subterfuges, non tant pour preuve de sa cause que pour preuve de sa suffisance. Toutes ces echappatoires ne peuvent renverser le droict des Coqs, car elle-mesme, rangée à la raison, tourne sa casaque, et, recognoissant l’injustice, les invite à quelque appointement par des propos desguysez, desquels elle en sçavoit assez. Si les Chapons ne chantoyent que peu souvent, cela leur apportoit du repos, et que, les Coqs, au contraire, par mauvaise habitude, inquietoyent leur tranquillité, et que c’estoit des allarmes plus convenables à la guerre qu’en la paix ; et, si le matin ils n’estoyent si rodomonds, cela tesmoingnoit leur bonté naturelle de ne faire aux poulles non plus que les poulles à eux, et que, si elles ne couvoyent, qu’elles n’estoyent assujetties aussy de chercher la nourriture à une suitte de poulets quy leur rongnoient les ongles de si près qu’à peine pouvoient-elles gratter, et outre tout cela, n’en faisant point esclore, elles n’en voyoient point ravir.

Ces discours avoient quelque apparence d’aimer les Chapons ; mais, quant à l’intention, elle passoit au party des Coqs. Comme, à la verité, elle sçavoit bien que les resveils des Coqs ne se faisoyent qu’à leur advantage et pour les faire après dormir de meilleur courage, et qu’elles ne pouvoyent couver qu’elles ne receussent pour une heure de mal un siècle de contentement, et qu’après un certain temps les poulets cherchoyent leur vie eux-mêmes, puis