Page:Variétés Tome IV.djvu/296

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vous qu’on aille au concubinage ? interrompit le vieillard irrité. — Non sans doute, mon père, repliqua Climène ; mais il ne faut pas aussi prendre le romant par la queue. Et que seroit-ce si l’illustre Cyrus epousoit Mandane dès la première année, et l’amoureux Aronce la belle Clélie ? Il n’y auroit donc ny adventures, ny combats ! Voyez-vous, mon père, il faut prendre un cœur par les formes, et, si vous voulez m’escouter, je m’en vais vous apprendre comme on aime dans les belles manières.

Reigles de l’amour.

I.

—-Premierement, les grandes passions
Naissent presque toujours des inclinations ;
Certain charme secret que l’on ne peut comprendre
Se glisse dans les cœurs sans qu’on sçache comment,
Par l’ordre du destin ; l’on s’en laisse surprendre,
Et sans autre raison l’on s’aime en un moment.

II.

——--Pour aider à la sympathie
Le hazard bien souvent se met de la partie.
On se rencontre au Cours, au temple12, dans un bal :
C’est là que du romant on commence l’histoire
——--Et que les traits d’un œil fatal
Remportent sur un cœur une illustre victoire.



12. À l’église. C’est aussi le mot que Molière fait dire à Madelon (scène 5 des Pretieuses) ; il convient bien à ces grandes liseuses de romans payens de Clélie et de Cyrus.