Page:Variétés Tome IV.djvu/308

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eux tenuz de la dicte image par derision, l’armèrent d’un morion et d’une hallebarde, luy disans ces mots avec grands et execrables blasphèmes : Si tu as de la puissance, monstre la presentement contre nous, et te defends. Et, ce disans, ruèrent plusieurs coups des armes qu’ils avoient sur la dicte image ; de quoy non contents, l’un d’eux tira contre icelle image deux ou trois harquebuzades, de l’une desquelles fut frappée icelle image en la face, entre la lèvre basse et le menton, et au mesme instant le dict soldat, s’escriant à haute voix, dist ces mots : Je brusle, et tomba mort en terre, en la face duquel et au mesme endroit que la dicte arquebuzade avoit atteint ladicte image, apparut le feu qui le bruloit au dedans de la bouche, qui encore continuait après sa mort.

Le second desdits soldats s’estant pareillement escrié par plusieurs fois qu’il brusloit, pensant eviter ce tourment par eaue, se seroit precipité dedans une rivière proche du dict lieu, où incontinent il auroit esté suffoqué et noyé.

Le tiers, voyant la persecution de ses deux compagnons, tomba esvanouy en la place, et fust porté en un logis proche du dict lieu, saisy d’une fiebvre chaude et si violente que ce fut chose admirable à ceulx qui le voyoient, entre lesquels aucuns des dictes troupes, ses parents et amis, catholiques, eurent soudain recours à l’eglise, et, ayant recouvert un prestre, firent chanter une messe devant la dicte image, à laquelle un peuple infiny assistant, tant soldatz que habitants du dict lieu, se meirent en devotion et firent tous unaniment prières à Dieu pour