Page:Variétés Tome IV.djvu/313

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D’une laideur qui ne se peut oster,
C’est pour du jeu d’amour te desgouter :

Qui moins le suit est reputé pour sage.

D’autre costé, ne sortant de ses bornes
En beaux habits, la blancheur de son taint
Ne te fera de jalousie attaint,
Ains te rendra franc de porter les cornes.

Si bien parée elle feint l’amiable3
Sortant dehors, je te diray pourquoy :
C’est pour complaire à autruy plus qu’à toy,
Veu qu’au logis elle ressemble un diable.

Si tu me dis que toujours elle grongne,
C’est pour tenir en crainte sa maison ;
Il m’est advis qu’elle a quelque raison,
Veu qu’en grongnant elle fait sa besongne.

Si elle est brave et superbe sans honte,
Tel te dira aujourd’huy et demain :
Bonjour, Monsieur, le bonnet en la main,
Qui paravant de toy ne faisoit conte.

Si, gracieuse en tenant bonne geste,
Au decouvert son beau sein elle a mis,
C’est qu’elle veut donner à tes amis
Opinion très bonne de son reste.

Mais, si elle a joué son pucellage,


3. Ce mot, qui ne s’emploie plus que dans la langue du droit, avoit alors le sens d’aimable, de commode. On le rencontre très fréquemment. Au XVIIIe siècle, il étoit devenu hors d’usage, et on ne s’en servoit plus qu’en le soulignant. V. Lettres de Mme du Deffand, t. 2, p. 369.