Page:Variétés Tome IV.djvu/327

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sage assez frais, mais qui a le cul chaud, nous ne devons craindre de ce costé-là. Voicy la foire qui vient : nous aurons toute la marchandise, la chalandise, les marchands et les chalans, et le pis sera que nous ne pourrons trouver de trous assez pour les mettre ; et puis, de toute antiquité, ce faux-bourg n’a-il point cette prerogative par dessus les autres que d’estre le repertorium des meilleures pièces de Paris ? C’est le siége et la demeure ordinaire de Venus, le palais authentique de la verolle, l’antichambre des chancres, le cabinet des chaudes-pisses, l’estude ordinaire de la cristaline, l’estable des poulains, l’escurie des morfondus, le retrait des coupeurs de bourses et le séjour des maquereaux ; personne, pour qualité excellente qu’il aye, ne nous peut oster les advantages.

— Vous dites vray, dit une petite camuse qui est arrivée fraischement de l’armée : mais vous ne parlés pas des coups d’espée ny des coups de baston que nous recevrons si nous envoyons quelque pauvre diable au royaume de Suède. — Il ne faut pas craindre de ce costé, respondit une petite brunette qui s’en mesle depuis huict jours : j’ay cinq ou six laquais de nostre costé, et puis si quelqu’un est attrappé à ce jeu, et qu’il prenne l’as de trèfle pour celuy de pique, c’est sa faute : il n’a qu’à se servir d’une lunette d’Holande9, et regarder droit au but.



9. Sur ces lunettes, d’invention nouvelle, qu’on appeloit aussi lunettes d’Amsterdam, V. notre édition des Caquets de l’Accouchée, p. 253, note. — Dans les Méditations de l’hermite Valérien (Recueil de pièces contre le connétable