Page:Variétés Tome IV.djvu/66

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chée de la despense où l’on se mettoit. Cependant on parle du disner, qu’on avoit faict apprester au logis d’un de ceux qui s’estoient tousjours trouvés aux assemblées, et se mit-on en peine d’avoir un carrosse à prix d’argent pour le reste de la journée, tellement que, l’heure du disner estant venue, on emmena le fiancé et la fiancée en grande magnificence dans le dit carrosse, où estoient aussi tous les connaissans d’Orcandre, ravis du bonheur qui lui estoit arrivé, et tesmoignoient mesme en avoir quelque sorte d’envie.

Pendant le disner, il ne fut parlé que du negoce que l’on pouvoit faire par eau ; en quoy le filou tesmoignoit par ses discours avoir une grande experiance, ce qui augmentoit tousjours d’autant plus l’oppinion de ceux qu’il trompoit si couvertement.

L’après diner fust convertie en visites que l’on fit, par la commodité du dit carosse de louage ; et, sur l’entrée de la nuict, le fiancé et la fiancée, après avoir pris congé de la compagnie, s’en retournèrent au logis de la dite de Vaugrin, où le filou, desirant clorre son dessein par une dernière feinte, fit semblant de se trouver mal, en attribuant la cause au carrosse, dont il disoit n’avoir point accoustumé les secousses ; et en mesme temps, la bonne femme de Vaugrin prenant dans l’un de ses coffres la meilleure de ses robbes et beaucoup d’autres hardes, elle en couvrit ce plus que hardy filou ; ce qui l’ayant mis en bel humeur, il commença de caresser Orcandre, le priant de ne s’ennuyer pas, et l’asseurer que le lendemain, après avoir receu de l’eglise ce qu’ils en devoient esperer en leur mariage, il