Page:Variétés Tome IV.djvu/7

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Dure et sauvage loy nos plaisirs meurtrissant3,
Quy, fertille, a produit un hydre renaissant
De mespris, de chagrin, de rancune et d’envie,
Du repos des humains l’inhumaine poison4,
Des corps et des esprits la cruelle prison,
La source des malheurs, le fiel de nostre vie.

Pour inscription à ceste loy rigoureuse du mariage, je serois d’advis qu’elle portast sur le front en belle et grosse lettre : LE BREVIAIRE DES MALHEUREUX.

Helas ! grand Jupiter, si l’homme avoit erré5,
Tu le devois punir d’un mal plus moderé,
Et plustost l’assommer d’un eclat de tonnerre
Que le faire languir durement enchaisné,
Hoste de mille ennuys, au dueil abandonné,
Travaillant son esprit d’une immortelle guerre.

Depuis que le serpent a mis la curiosité et l’ambition en la teste de la femme, toutes choses se sont revoltéz qui auparavant avoient esté creez à la submission et hommages deues et acquyses à nostre


3. Cette stance, dans la pièce de Des Portes, suit celle qui a été citée tout à l’heure.

4. Poison, comme le mot latin potio, dont il est le dérivé, fut long-temps du féminin. C’est Vaugelas et Balzac qui lui assignèrent le genre qu’il a gardé depuis, et cela en dépit de Malherbe, et même de Ménage, qui, dans ses Observations sur les poésies de ce dernier (Paris, 1666, p. 451) soutient qu’en vertu de l’étymologie, c’est le féminin qui eût dû prévaloir. Le peuple est resté de l’avis de Ménage et du latin.

5. C’est la 9e des Stances de Des Portes.