Page:Variétés Tome VI.djvu/139

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Mais de polir ce bois et luy donner un lustre
De vernis sans vernis, il n’appartient à ceux
Dont le trop peu de peine est l’arrest qui les frustre
D’un art qui ne s’aprend au train des paresseux.

La polisseure au fer est aussi mal aisée :
D’un bon estaim bruslé il faut tirer le fin,
Et de la mesme poudre en eau douce infusée
Aux armes polies blanc on donne une autre fin.

Pour faire ceste poudre, en voicy ma coustume :
Ayant mis dans un pot l’estaim sur le brasier,
En l’escumant, l’escume en cendre se consume,
Et dans l’eau trouble après j’en oste le grossier.

Et puis, pour en polir d’un plomb fait en platine
L’acier et fer trempé, il n’y faut rien d’huilé,
Ains faut estre plus propre en ceste poudre fine
Qu’en l’esmery, qu’on passe avant l’estain bruslé.

De plus, il faut du temps et de la patience
À polir un rouet quand il est trop ouvré,
Et ce trop sans besoin (pour dire en conscience)
Fait perdre un temps qu’après n’est jamais recouvré.

Soit de fer ou d’acier, une œuvre toute unie
Se polit mieux qu’une autre, et ne couste pas tant :
Un pistolet tout plain, dans une compagnie,
Est commode et durable en son lustre esclattant.

Il se peut faire aussi des pistolets de chasse
Qui de cinquante pas porteront comme il faut


Dans du cormier rouge et durable
Soient d’un lustre presque semblable

À des diamans enchassez.