Tout ce que j’ay et tiens de ce monde en usage
Est en vostre pouvoir.
Quand à ma pauvre vie, et qui m’a fait aprendre
L’art que je fais depuis,
Voicy ce qui en est : Dès ma jeunesse tendre
Jusqu’à l’aage où je suis,
Lorsque je fus porté à l’église romaine,
Tout pauvre que j’estois,
Monsieur de Beauvergier y fut et print la peine
De me nommer François.
Depuis, venant à croistre et mon pauvre père estre
Chargé de huict enfans,
Ce bon seigneur me print et me mit soubs un maistre
À l’aage de douze ans.
Soudain que je fus là à frapper sur l’enclume
D’un marteau rudement,
Sans m’oser plaindre j’eus de ma jeune coustume
Un rude changement.
Cela m’ennuyoit bien, mais, selon que mon aage
Et ma force augmentoit,
Toute sorte d’ennuy m’augmentoit le courage
D’aprendre comme on doit.
Je fus ainsi durant que deux ans s’escoulèrent
En esperant meilleur,
Et, au bout de ce temps, plusieurs me conseillèrent
D’aller servir ailleurs.
Suivant donc ce conseil, d’une humeur plus hardie,
Tout pauvre et sans besoing,
Je roulay quelque temps sans avoir maladie,
Ny tristesse, ny soing.