Page:Variétés Tome VI.djvu/241

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elle eût eté de cet avis-là. Ainsi, n’ayant pas trouvé son compte avec elle, il prit le parti de s’expliquer mieux, ce qu’il fit en termes si intelligibles qu’elle ne douta point qu’il ne voulût être de moitié de la vengeance. Elle trouva cela horrible pour un Archevêque et pour un Oncle.

Scarron.

Avec tout cela je vois à travers tout ce nuage le cochon victorieux et la marquise cochonnée.

L’abbé Furetière.

En effet, comme elle recevoit beaucoup de bien de l’archevêque et qu’elle en esperoit encore davantage à l’avenir, elle ne jugea pas à propos de le mortifier, comme elle auroit fait sans cette consideration. Cela le rendit encore plus amoureux, s’imaginant qu’il y avoit de l’esperance pour lui ; et, pour boucher les yeux au Mari, il proposa de le defrayer, lui et toute sa maison48.

Scarron.

L’argent est le nerf de l’amour aussi bien que de la guerre. Le pauvre marquis en fut aveuglé, je le vois bien.

L’abbé Furetière.

Eh quoi donc ! le pauvre Cocu fut si touché des offres de l’Archevêque, rapportant toutes ses bontés à la qualité d’Oncle, et non à celle d’Amant, qu’il


48. « Son amitié pour sa nièce, la marquise de Créqui, alla jusqu’au scandale, dit Saint-Simon (t. 8, p. 126). Il lui avoit donné une maison toute meublée et lui légua deux