Page:Variétés Tome VI.djvu/252

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permission de cultiver la terre les jours de fête sans être damné. Mon évêque est un sot qui n’a pas voulu donner au petit pays de Gex la permission que je demande, et cette abominable coutume de s’enivrer en l’honneur des saints au lieu de labourer subsiste encore dans bien des diocèses. Le roi devroit, je ne dis pas permettre les travaux champêtres ces jours-là, mais les ordonner. C’est un reste de notre ancienne barbarie de laisser cette grande partie de l’économie de l’État entre les mains des prêtres. M. de Courteilles vient de faire une belle action en fesant rendre un arrêt du conseil pour le desséchement des marais. Il devrait bien en rendre un qui ordonnât aux sujets du roi de faire croître du blé le jour de saint Simon et de saint Jude tout comme un autre jour. Nous sommes la fable et la risée des nations étrangères, sur terre et sur mer ; les paysans du canton de Berne, mes voisins, se moquent de moi, qui ne puis labourer mon champ que trois fois, tandis qu’ils labourent quatre fois le leur. Je rougis de m’adresser à un évêque de Rome, et non pas à un ministre de France, pour faire le bien de l’État. »