Page:Variétés Tome VI.djvu/271

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lon24, vrayement. Il est venu à Paris avec des sabots, et son fils porte tous les jours le manteau doublé de panne. Passant de là en la rue des Anglois, l’on me fit recit qu’un demeurant bien près de la rue du Plastre bricolle d’un costé et sa femme de l’autre. Que l’on en die ce que l’on voudra, ce ne sont qu’actions semblables ; ils sont à deux de jeu, et sont quasi tousjours cartes esgalles. Je m’asseure que vous autres ne monstrerez aucune action envieuse de l’heur de ces deux personnages ; et pourquoy, puisqu’ils vivent contents ? Leur consideration est bien fondée, car il n’y a rien au monde qui contente plus l’homme que la nouveauté. Je fus transporté en la rue des Trois-Portes25, où je cogneu qu’un procureur veut louer le devant de sa maison à une bordeliste, sans toutesfois en vouloir souffrir l’entrée. Cela n’est pas raisonnable, car toutes conventions doivent estre observées s’il n’y a lettres fondées sur la


24. Sur ce mot, dans ce sens, V. Fr. Michel, Études de philologie sur l’argot, p. 430.

25. La rue des Trois-Portes, de même que celles du Plâtre et des Anglois, dont il vient d’être parlé, est voisine de la place Maubert ; elle y aboutit même. C’est chez un des procureurs, alors assez nombreux, de ce quartier, que Voltaire fut quelque temps clerc en 1714. Il se nommoit maître Alain ; il avoit son étude, non pas rue Perdue, comme l’ont dit l’abbé Duvernet et Lepan, mais près les degrés de la place Maubert, dans cette partie de la place qui va de la rue de la Bûcherie à la rue Galande, et qui s’appeloit alors rue Pavée-Saint-Bernard. C’est Voltaire qui nous donne lui-même cette adresse dans ses lettres à Mlle Dunoyer du 20 janvier et du 10 février 1714. Thiriot étoit clerc dans la même étude ; c’est là que Voltaire se lia d’amitié avec lui.