Page:Variétés Tome VI.djvu/337

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esté banie de ce pauvre royaume tant desolé et affligé, tu sois la très bien venue ! chascun enjonche de belles fleurs le chemin par lequel tu passeras, pour te faire honneur et pour cacher le sang dont tu sçais bien que la terre est imbue et couverte. Qu’il te plaise faire en cete terre eternelle demeure, et resister, par le moyen de la Justice ta compagne, à tous ceux-là qui s’efforceront de te rompre : car, si toutes deux estes unies, je voy la Guerre civile morte à jamais ; mais, si la Justice te faulce compagnie, je m’asseure que tu viendras incontinent après à defaillir. Parquoy je te supplie de t’en tenir près, à fin que tu sois honnorée et respectée de tout le monde, et que nous voyons retourner en France comme ce premier aage d’or auquel on vivoit en innocence et en abondance de tous biens ; en esperance de quoy, ô gracieuse Paix ! j’appens à tes pieds toutes mes armes, pour monstrer que je te veux obeir et vivre à jamais soubs ton bon plaisir et commandement. »

Le Marchand.

Mais aussi direz-vous pas à Dieu à la Guerre ?

Le Soldat.

Je luy veux dire en ceste façon : « Ô cruel Mars ! duquel j’ay longuement suivy les enseignes, desployées à la perte et ruine de ce pays de France, à jamais te puissay-je dire à Dieu ! À Dieu ta cruaulté, à Dieu ta barbarie, que tu dois plustost aller exercer contre les infidèles payens que contre nous ! Contente-toy de la mort de cent et cent mille hommes,