Page:Variétés Tome VI.djvu/38

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qu’elles sont propres du tout pour espargner souliers, bas de chausses, se garder des crottes et espargner le foin et l’avoine pour un cheval ; et, qui plus est, un homme botté et esperonné est estimé, peu s’en faut, gentil-homme, et a plus de credit à la rotisserie et au tripot, attendant les foins nouveaux20. Ces considerations diligemment et meurement pesées, burelées et justifiées, les commoditez des bottes recognues si grandes, qui sera si hardy d’en oser medire ? Voyons-nous pas qu’elles servent en tout temps pour aller à pied sans cheval ? Y a-il rien de plus gentil et mirlifique que voir un homme perruqué, escharpé, botté et esperonné ? Est-ce pas un traict d’espargne provenant d’un bon esprit ? Le pauvre Platon fut estimé fol autrefois parce qu’il descendit de cheval aussi tost qu’il y fut monté. Il me semble d’en avoir ouy la cause, et ay ouy dire que ce fut parcequ’il se recogneut estre sans bottes.


d’entre nous, dit le commissaire La Mare, qui ont vu le commencement du règne de Sa Majesté (Louis XIV), se souviennent encore que les rues de Paris étoient si remplies de fange que la nécessité avoit introduit l’usage de ne sortir qu’en bottes. » (Traité de la police, t. 1, p. 560.)

20. « C’est, dit encore l’Hortensius de Francion dans sa fameuse oraison à propos de bottes, c’est une nécessité aux braves hommes d’en porter s’ils veulent paroistre ce qu’ils sont, et à beaucoup d’autres s’ils veulent paroistre ce qu’ils ne sont pas. Si l’on est vêtu de noir, l’on vous prend pour un bourgeois ; si l’on est vêtu de couleur, l’on vous prend pour un joueur de violon ou pour un bateleur, spécialement si l’on a un bas de soye de couleur différente ; mais arrière ces opinions quand l’on a des bottes, qui enrichissent toutes sortes de vêtements ! »