Page:Variétés Tome VI.djvu/44

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faucette, le pauvre amoureux viendra cent fois à la porte pour tacher de parler à madame la cheville, luy demander s’il luy plaist de l’avoir pour agreable et l’aimant. Douée d’une infinité de belles parolles et de discours, de dons et de presens, elle luy fera un beau refus, se disant fille de bonne maison, et non de bordeau, l’appelant insolent et indiscret en parolle, tant soit peu touché de la vérité contre son honneur. Mais le sire Herpinot n’est pas de ceste façon basty, car il propose en soy-mesme ce qu’il a envie de dire, comme, par exemple, les Etrennes des dames de Paris, où il dit :

Sonnet.

Je vous supplie de recevoir
Ce present qu’Herpinot vous donne,
Car son cœur seul vous abandonne,
Belles, si le voulez avoir.



prudente n’eût elle-même révélé sa présence à tous les odorats, trahit tout à coup le secret des nuits de la nièce pudibonde. Il y eut à ce propos bien des commérages dans la province. Bérenger, censeur royal, en fit un conte en vers qui souleva beaucoup de scandale, et qui fut cause qu’il perdit sa place, et que le Journal polyptique, dont le 114e numéro l’avoit publié, fut interdit. (V. Mém. secrets, 1786, t. 33, p. 267, et 34, p. 11). Ce même Bérenger, qui fut professeur de rhétorique au collége d’Orléans, et qui mourut en 1822 inspecteur de l’Académie de Lyon, a donné, entre autres compilations, le fameux recueil la Morale en action. Il a oublié d’y réimprimer son conte.