Page:Variétés Tome VI.djvu/55

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une pottée de laict7, dont bien luy en prinst : il ne partist pas à jeun de ce monde. Mon education feust chés mon oncle le curé, frère de ma mère, qui m’enseigna à lire et escrire, et du latin autant qu’il en peut suffire pour mourir de faim dans une bonne ville, et se pendist à la fin de gayeté de cœur l’année des grandes foüasses8. L’avoir de mon père consistoit en une maison, un champ et une vigne, qu’il me conserva et laissa en mesme estat qu’il l’avoit receu de son père, mon ayeul. Le bon homme alla de vie à trespas l’an de grace mil cinq cens quatre-vingts-six, et tomba malade le propre jour qu’il ouyst publier deux ou trois douzaines de nouveaux edicts. J’estois lors assez jeune, et toutesfois de tel aage qu’à peu d’années de là je me sentis les espaules assés fortes pour la voiture d’ung mousquet, que je portay heureusement soubs la banderolle des catholiques zelez jusques à l’année quatre-vingts-dix-sept, qui feut celle mesme de l’enterrement de la saincte union et de mon bonheur tout ensemble. Dèslors la misère me vint accueillir ; je commançay


(Recherches de la France, liv. 8, ch. 62), et celui aussi d’Henri Estienne, qui dit dans ses Deux dialogues du nouveau langage français italianizé, etc. (Dialogue 2e, p. 599) : « Nous appelons volontiers un pourceau, ou un gros pourceau, un gros homme qui est de la confrairie de saint Pansard et de l’abbaye de Roger Bon Temps ou Rouge Bontemps, comme aucuns estiment qu’il faut dire. » Voy. sur ce type une curieuse note de M. de Montaiglon, Anciennes poésies, t. 4, p. 122.

7. C’est une vieille plaisanterie d’où pourroit bien être restée l’expression : avoir un chat dans la gorge.

8. C’est-à-dire l’année des grands pains.