Page:Variétés Tome VI.djvu/6

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et impectueux torrents que d’aage d’homme l’on n’aye peu remarquer.

Particulierement la rivière de Loire2, de qui de tout temps les impetuositez ont tousjours fait de grands naufrages, pour autant qu’elle est platte et non profonde ; cela cause son excessive rapidité, et icelle occasionne souventes fois la perte de beaucoup


à la manière des Arabes, et servoit à les distinguer de ceux qu’on écrivoit en caractères romains. Plus tard, ceux-ci furent eux-mêmes appelés chiffres. Ce fut un contre-sens qui nous conduisit à un pléonasme, puisque alors, pour faire la distinction, il fallut dire chiffres arabes, en ajoutant l’adjectif parasite au substantif d’origine orientale, qui suffisoit si bien auparavant.

2. En effet, si j’en juge par la nomenclature que fait ternaire, dans son Histoire d’Orléans, des inondations de la Loire aux derniers siècles, ces sinistres étoient encore plus fréquents que de nos jours, et chaque fois aussi terribles que ceux dont nous avons vu les désastres. De 1527 à 1641, c’est-à-dire dans un intervalle d’un peu plus de cent ans, il n’en compte pas moins de onze, savoir : au mois de mai 1527, en novembre 1542, en mai 1548, en mai 1567, en 1572, en 1586, en 1588, en 1608, puis encore en mai 1628 (c’étoit le mois fatal), une inondation qui mit en danger de sa personne le cardinal de Richelieu revenant par eau du siége de la Rochelle (V. le Mercure françois à cette date) ; enfin une dernière en janvier 1641 ; et toutes, je le répète, avoient les plus désastreuses proportions : les levées crevées, le val submergé, etc. Lemaire, qui ne s’occupe que de l’Orléanois, ne mentionne pas l’inondation dont les ravages font le sujet de la pièce que nous reproduisons. Ils avoient été circonscrits, à ce qu’il paroît, dans les pays de la Haute-Loire, où ces sinistres étoient plus multipliés encore que dans les contrées d’aval.