Page:Variétés Tome VI.djvu/71

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tailles, les subsides, les gabelles, n’iront point diminuant. J’auray tousjours ung gentilhomme non appointé pour voisin, et les pensions des autres ne seront point cassées. Je ne me pourray garder de frotter ma laine avec quelque chicanoux, et cependant l’exercice de la justice ne recevra point d’amendement. L’affaire vaut bien le consulter : on a beau se dire heritier par benefice d’inventaire, toutes successions, en quelle qualité qu’on les accepte, sont fort onereuses à des gens de nostre sorte. C’est vendre son repos à trop vil prix, avoir trente années de moleste et de chagrin pour trois mois de paisible jouissance. Je declare d’ores et desjà que je ne pretens rien à telles hoiries, se on ne m’invite au contraire par un aneantissement des inconvenians susdits et establissement d’un nouvel ordre à l’advenir. J’entens quelcun gromelant autour de Vostre Majesté et marmotant entre les dents : Vrayment, c’est bien turlupiné ! il nous la donne là belle ! Il y va sans doute de l’interest du roy ou du public à l’adition ou repudiation de l’heredité deferée à ce delicat ! Je demande à ce veau, quel qu’il soit, qu’est-ce qu’il dira quand tous les laboureurs du plat païs, les vignerons, les beurières et autres bourgeois des champs, poussez d’un pareil desespoir, abandonneront la culture de leurs terres pour se faire vendeurs de triacle29, joueurs de gobelets, tireurs de cors, ou


29. Charlatans, vendeurs de thériaque, la grande panacée. On les appeloit aussi triacleurs.

Tous ces beaux suffisans dont la cour est semée
Ne sont que triacleurs et vendeurs de fumée.
Ne sont que triacleurs et vRegnier, sat. XIII, v. 230.