Page:Variétés Tome VIII.djvu/165

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Ils font un roolle avec des coches sur le baston du cagou ; chacun a son roolle, et marquent ainsi leurs affaires27.

Le grand coesre se lève de dessus ce nouveau, et les cagouz, il nous prie tous de soupper, et qu’eussions à assembler noz bribes28, veu que chacun n’avoit eu le moyen d’aller chercher à soupper, et mesmes que le jour s’estoit passé en affaires et estoit tard.

Forme du soupper.

Le grand coesre et brave prince, luy et sa femme, tirent de la bezasse et de leurs bissacs et courbières un beau petit trepied, un pot de fer avec sa cueillère, un chaudron joly, une poisle à frire, et en mesme endroict faisons de grands feuz, où chascun


27. Autrefois les marchands en détail n’avoient pas non plus d’autre livre de compte. La taille, morceau de bois fendu en deux, dont les parties pouvoient s’ajuster ensemble, et dont l’une, la souche, demeuroit chez le marchand, tandis que l’autre restoit chez la pratique, permettoit, au moyen de coches ou entailles faites sur celle-ci et reproduites sur celle-là, de calculer la quantité de choses vendues. C’étoit fort commode, surtout pour les boulangers, qui n’y ont pas encore tous renoncé.

28. Ce mot, même en dehors du Jargon, s’employoit pour hardes, effets : « En ceste occasion de trousser mes bribes et de plier bagage, dit Montaigne (liv. 3, ch. 9), je prends plus particulièrement plaisir à n’apporter aux miens ni plaisir ni deplaisir en mourant. » Ce mot, toutefois, étoit plus particulier aux gueux. Il paroît venir de l’espagnol bribar, mendier.