Page:Variétés Tome VIII.djvu/283

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vance aux honneurs, hé ! pouvoit-il pas bien esperer ce grade ? Voicy le compère Panurge. Et bon jour !

Pan. Monsieur mon amy, vous ne sçavés pas les grosses nouvelles et malheureuses. Toute ma ferme a esté gaulée, on n’y a rien laissé jusques à une poule. Tout fut empieté en ma presence et mangé par ces epicuriens zelateurs transcendans de la picorée2.

Ant. Je vous en dis de mesme, tout fut pris et emmené ; ils dirent à mon fermier Nicolas qu’ils le contenteroient jusques à une maille à la premiere monstre de messieurs les reformateurs. J’ay opinion que ce sera en monoye de singe3. Patience,


qui doit certainement venir de là. Mme Pilou, déjà fort vieille, dansoit encore la Branle de la Torche. Comme le flambeau lui revenoit souvent, elle se plaignoit en riant de jouer toujours le rôle de Guéridon. (Tallemant, in-12, t. 6, p. 69.) Quand l’usage des petits meubles à trois pieds destinés à soutenir les flambeaux s’introduisit dans les appartements, on les appela guéridons, comme le pauvre patient dont c’étoit l’emploi dans le fameux branle. Jusqu’ici personne, que je sache, n’avoit trouvé l’étymologie de ce mot ; je pense qu’après ce que je viens de dire il n’y aura plus besoin de la chercher.

2. Comme le capitaine Picotin, dont nous avons déjà parlé (t. 6, p. 279), et dont le nom étoit un souvenir de cette bonne dame Picorée qui l’avoit fait vivre si longtemps.

3. Cette locution vient de ce que les péagers des ponts laissoient passer gratis tout jongleur qui faisoit danser devant eux son singe ou qui chantoit une chanson. « Li jongleurs sont quitte por un ver de chancon », lit-on dans l’Establissement des metiers de Paris, par Estienne Boileau.