Page:Variétés Tome VIII.djvu/344

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Au mal qui vous presse à present :
C’est de recevoir tout venant,
Riche ou non, vilain ou honneste,
Homme d’esprit ou une beste,
Pourveu qu’il apporte en sa main
Quelque bon gros morceau de pain.
Que si toutesfois la diette
Refroidit si fort la caillette
Que l’on ne vous visite plus
Et que vous demeuriez à culs,
Puisque vous avez par famine
Vendu les meubles de cuisine
Et les pièces de cabinets,
Coiffures, mouchoirs et colets,
Rubans, vertugadins, calotes,
Et puis qu’ayant vendu vos cottes,
Vos jupes et vos cottillons,
Avec tous vos vieux guenillons,
Vous n’avez plus que la chemise,
D’une chose je vous advise,
De crainte de trop tost l’user,
Que vous la laissiez reposer,
La mettant dans une cassette,
Afin que, la paix estant faite,
En couvrant vostre nudité,
On ayme moins vostre beauté :
Car si, dans la grande abondance,
Nous suivions la concupiscence
Que nous causeroit vostre cas,
La chemise n’y estant pas,
Ma foy, il n’y auroit personne
Qui voulust, tant fust-elle bonne,