Page:Variétés Tome X.djvu/137

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Que ton vuide estomac abboye, et ta gencive
Demeure sans mascher le plus souvent oysive,



Quintil, consacré par Fontaine lui-même, et de le combattre ainsi sous son propre pavillon. Ce procédé n’étoit pas contraire aux habitudes de du Bellay. Dans son premier recueil, daté d’octobre 1549, il avoit emprunté à Ronsard sa manière, comme ici à Fontaine son pseudonyme, et il en étoit résulté entre Ronsard et lui un petit différend fort bien raconté par M. Sainte-Beuve, d’après Bayle, Cl. Binet et Guillaume Colletet. (Tableau historique et critique de la poésie françoise au XVIe siècle, 1843, in-18, p. 338.) — Il ne faut pas s’étonner que du Bellay ait joint à son sobriquet latin un autre pseudonyme poitevin, et qu’il ait fait imprimer à Poitiers cette première édition de deux de ses meilleures œuvres. Le Poitou fut autant qu’Angers où il naquit, et Paris où il mourut, la patrie de sa muse. Peut-être y possédoit-il un bien, fief ou métairie portant ce nom de Tronssay, dont il se fait ici une signature. Une chose plus certaine, c’est qu’il alla souvent à Poitiers. Il en revenoit un jour de l’année 1548, lorsqu’il rencontra dans une hôtellerie Ronsard, qui, dès lors, lui fut lié d’amitié. Il y eut toujours des amis. G. Aubert, qui recueillit ses œuvres, étoit de Poitiers. — Nous ne reviendrons pas sur l’auteur de l’épître latine, dont la première de nos deux pièces n’est que la traduction. Peut-être est-ce du Bellay lui-même, qui fut en latin aussi bon poëte qu’en françois. Il se pourroit toutefois qu’il eût traduit le latin d’un autre. Il ne trouvoit pas cette tâche au-dessous de lui. Ses Courtisanes repenties et contre repenties sont traduites du latin de son ami le Tolosain P. Gilbert, sur lequel on peut lire une note excellente de M. de Montaiglon. (Huit sonnets de Joachim du Bellay, 1849, in-8º, p. 17–19.) — J. du Bellay survécut bien peu de temps à la publication des deux pièces données ici. Il mourut le 1er janvier 1560, frappé d’apoplexie, quoiqu’il n’eût que