Page:Variétés Tome X.djvu/185

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de plusieurs quelquefois : les uns iront à la taverne par rencontre, et pour cela n’en traicteront pas mal leurs femmes ; les autres en feront coustume, pour n’estre point coustumiers d’avoir la paix à leur logis. À leur retour, toutes choses les mieux faictes leur sembleront des imperfections, et fonderont le subject de leur noise sur une escuelle renversée, ou sur une serviette pliée de travers.

À ce coup, mes commaires, rejouyssons-nous ; M. Martin viendra bien chez nous, mais baston4 ny sera pas ; il sera dans les tavernes, ou bien au Chastellet pour arrondir les espaules des yvrongnes.

Nos marys ne craignent pas cela, ils ont des retraictes particulières, plus dangereuses que les tavernes. Jean, il n’y a pas longtemps que nous sommes mariées, nous serions bien marries qu’ils suyvissent la piste des autres ; il vaut mieux qu’ils aillent aux champs, nous en serons plus libres que de hanter ainsi ces diseurs de collibets qui les font de-


4. Depuis longtemps déjà Martin-bâton étoit connu dans les ménages, où, comme tiers, il prenoit haut la parole à chaque dispute. Dans la Farce du Badin (Anc. th., t. I, p. 278), celui-ci dit, à propos d’une femme fourbe :

Si elle te triche, voicy
Martin-baston qu’en fera
MartLa raison.

Si Martin étoit le bâton, Martine étoit l’épée. « Quiconque, fait dire Brantôme au vieux capitaine piémontais de ses Rodomontades espagnolles, quiconque aura affaire à moy, il faut qu’il ait affaire à Martine que me voylà au costé. » Œuvres, édit. du Panthéon, t. II, p. 16.