Page:Variétés Tome X.djvu/66

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figures de l’Aretin n’y seront pour rien contées, tant vostre bel esprit est subtil en telles inventions ; je vous asseure que je seray soigneux de le faire mettre en lumière pour l’amour de vous, affin que les loüanges d’une si vertueuse dame ne demeurent ensevelies en la fosse d’oubliance. Mais pour ne point interrompre le fil de nostre discours encommencé, je diray que, sans point de faute, voyla le plus grand de vos charmes et la plus grande de vos sorcelleries. L’autre qui vient après n’est pas moindre que la première, d’avoir persuadé au peuple qu’il soit non seulement licite, mais expedient et bonne œuvre d’assassiner un roy très-chrestien, et que le parricide soit par vous canonizé et mis au rang des saincts et glorieux martyrs ; que lon luy dresse des statuës sur les autels sacrez, que lon luy porte des chandelles et offrandes, et que lon l’invoque pour interceder pour ceux qui portent tiltre de chrestiens. Si telles impietez paganiques doivent avoir lieu parmi nous, je diray librement ce que disoit Juvenal13 en son Hercule furieux :

AdmittScelere perfecto, licet
Admittat illas genitor in cœlum manus.

Vous ne trouverez estrange (reverendissime dame Jacquette) si, escrivant à une femme, je me dispence de parler latin : les moynes et predicans à qui vous avez affaire tous les jours vous mettent si souvent la


13. L’auteur veut dire Sénèque, de qui l’on a en effet une tragédie d’Hercules furens.