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Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/116

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— Vous en faites pas, monsieur ; c’est pas de l’ordure ; fallait bien que ça vienne aussi sur les taxis, ce fichu champignon boche de malheur ! Ça s’est collé hier au soir sur ma boîte d’accus et tout le temps que je roule, tant plus que j’essuie tant plus que ça repousse ; alors je le laisse, vous comprenez.

Je comprenais surtout que d’heure en heure les spores gagnaient du terrain et que, immanquablement, d’ici peu on verrait dans Paris tous les appareillages électriques envahis de lichen. Cette boîte d’accumulateurs contaminée, sur ce marchepied, me donna soudain, ce que je n’avais pas eu jusqu’ici, l’impression d’un début de catastrophe sociale.

— Et où qu’on va ? fit l’homme, car je restais sidéré, une main sur la poignée de la portière.

Je me secouai.

— Hôtel Métropole.

Devant l’hôtel, au coin du boulevard Malesherbes et de l’avenue de Courcelles, un groupe de badauds, sous l’œil bénévole d’un sergent de ville, entouraient un « regard » de canalisation électrique, dans lequel deux électriciens travaillaient sur un câble… à réparer les dégâts du court-circuit…

Dans l’hôtel, rien d’anormal en apparence, que l’odeur de crésyl et l’air inquiet et affairé du personnel. On avait nettoyé les lampes et aucune n’était allumée. Toutefois, à la caisse, un gros Allemand à lunettes d’or, vert chapeau tyrolien et pélerine de loden, tout en réglant sa