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Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/161

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Dix pas, et au delà d’un tournant insoupçonné du tunnel, m’apparaît le quai en rumeur de la station, où s’agitent des silhouettes, dans la clarté des phares à acétylène. D’autres viennent à notre rencontre : les sauveteurs…

Dans mes bras, Aurore renaît, se ranime, veut se faire déposer à terre.

— Je saurai marcher, je vous assure, Gaston. Cette ridicule faiblesse est passée.

Je m’y refuse. Triomphant, exultant, je vais lui dire ma joie de son aveu… Mais une infirmière me rejoint, et me demande :

— Est-elle blessée ? Faut-il une civière ?

Et quand j’ai remis Aurore sur ses pieds pour démontrer qu’il n’en est pas besoin, la femme la soutient par l’autre bras, et arrivée au bout du quai, l’aide à monter l’échelle de fer.

L’infirmière, dans sa sollicitude, et comme si elle regrettait de lâcher si vite ses deux derniers rescapés, exigea que nous absorbions un cordial : d’authentique chartreuse verte, d’ailleurs. Des infirmières, des médecins, des pompiers nous entouraient ; des journalistes aussi ; mais grâce à un de leurs confrères, qui s’était trouvé dans la rame lors de l’accident et qui leur dictait un article, nous pûmes nous échapper sans encombre. J’en vis bien un faire un geste de surprise à la vue d’Aurore, esquisser un mouvement vers elle ; mais déjà je l’entrainais vers l’escalier. Le barrage d’agents et la