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Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/163

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— Gaston, ami cher, non, pas maintenant. Pas de paroles irrémédiables. Entendez-moi bien. Il ne s’est passé qu’une seule chose, dans le tunnel, quand je suis tombée : c’est que vous avez renoncé à vous sauver pour tenter de me sauver ou périr avec moi. Je ne vous ai rien dit. Rien. Cela ne compte pas, puisque nous sommes ici, vivants. Il ne faut pas que cela compte. Rien ne doit, rien ne peut être changé entre nous. Seul, le souvenir de votre dévouement…

— Bon camarade !… ne pus-je m’empêcher d’exclamer, amèrement.

— Vous voyez ? Vous êtes incapable de vous contraindre, à présent. Il ne faut pas, pour l’avenir de notre belle amitié, que nous restions ensemble aujourd’hui. Nous allons nous quitter. Voici un taxi… (et, levant le bras, elle arrêta la voiture, qui vint se ranger au bord du trottoir)… un taxi qui va me reconduire à mon hôtel. Je me reposerai, je dormirai, ne vous inquiétez pas pour moi… En compensation, j’irai demain matin chez vous, vous donner une séance de pose.

— La dernière…

— Et alors nous pourrons causer. Mais, je vous le répète, au nom de notre amitié, pas une allusion à cette parole interdite que le danger suprême m’a arrachée. Est-ce convenu ?

Je ne voulus pas compromettre le présent, ni l’intuable espoir du futur.

— Oui, Aurette. C’est convenu.