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Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/24

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yeux d’un limpide vert-bleu errèrent d’abord vaguement sur la figure du docteur, sur la mienne et sur les ramures des pins. Elle ne vit pas l’obus, qui était derrière sa tête, Une lueur de compréhension dans le regard, elle interrogea :

— Où suis-je ?… Est-ce que mon appareil est abîmé ?

Je la savais fille d’une Canadienne-française ; mais ce n’en fut pas moins une surprise délicieuse de l’entendre s’exprimer en français. Sa voix, très faible encore, avait un timbre clair et pur, enchanteur comme son léger accent, allègre et parfumé d’ancienne France… Absorbé dans mon ravissement, je laissai le docteur lui répondre :

— Vous êtes, miss, dans le sud de la France, entre Marseille et Toulon, à 4 kilomètres de Cassis, où je vais vous transporter, dans ma clinique. Je suis le docteur Tancrède Alburtin, pour vous servir, Et voici mon ami Gaston Delvart, peintre en renom… Votre appareil, sauf un carreau cassé, ne semble pas avoir trop souffert… Je suppose que nous devrons le laisser où il est, provisoirement, car il doit peser des tonnes…

Le front contracté, elle écoutait avec un effort d’attention qui l’épuisait visiblement. Elle eut peine à répondre.

— Non, les réservoirs sont vides, il ne pèse que 400 kilogrammes… S’il vous plaît, messieurs, faites-le mettre en sûreté, à l’abri des reporters. Il ne faut pas… Et, s’il vous plaît, prenez-y tout de suite la boîte verte où il est