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Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/267

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phobie virulente, qui se maintint à l’état aigu pendant ces deux journées que les historiens ont baptisées depuis : la Terreur électrique.

Le 27, Paris se réveilla en proie à cette espèce de rage, à l’effroi de la menace invisible et omniprésente qui pouvait éclater à tout instant. Les exhortations officielles à redoubler de vigilance, diffusées par les hauts-parleurs, étaient superflues. Les termes du décret semblaient trop modérés. On n’admettait plus qu’il existât des sources d’électricité inoffensives. D’une lampe électrique de poche même, on s’attendait presque à voir sortir un lichen ardent ou quelque chose de pis.

Les pouvoirs et les ordres nouveaux conférés aux brigades antiélectriques stimulèrent d’autant mieux leur zèle que les agents, raillés et impopulaires jusque-là, se sentaient soutenus désormais par l’opinion. Gonflés de leur importance, les « X » opérèrent des arrestations comme les autres policiers et violèrent les domiciles, sur l’invitation et avec l’encouragement des citoyens. Chacun se fit leur auxiliaire bénévole et même au besoin délateur. Le voisin qui possédait un poste de T. S. F. devenait un ennemi public, s’il ne livrait de lui-même ses blocs de piles et d’accus.

Toutes les autos, même celles à diésel, devinrent suspectes. On les arrêtait sur le haro du premier venu : à la moindre trace de lichen sur un moteur mal blindé, le chauffeur n’avait plus qu’à jouer des jambes, pour échapper aux horions, et s’il ne se trouvait pas là un