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Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/283

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aux mâchoires contractées par une implacable volonté de business, et baragouinant un français pire qu’au premier jour. Mais il avait cessé de mâchonner du chewing-gum, et à son teint briqueté j’augurai qu’il poursuivait assidûment ses études comparatives de cocktails.

Luce : dans toute sa splendeur de rousse Danaé.

D’un air malicieux, comme si elle me tenait en réserve une surprise, elle me déclara qu’elle… que Lendor… ou plutôt lui et elle, étaient venus m’acheter quelques toiles, des « calanques », si possible.

La guigne, alors ! L’accident d’hier redevenait une calamité, en me faisant sans doute rater cette affaire… Et je contai la chose, en étalant l’une à côté de l’autre, contre le mur, la série des toiles abîmées.

— Précisément, les calanques que vous auriez voulues, chère amie… La restauration exigera quelques jours.

Elle les examinait à travers son face-à-main.

Mais, au lieu du mouvement de recul que j’attendais, je la vis allonger le cou, cligner des yeux, et finalement. se redresser, avec un :

— Étonnant ! Splendide !… Tu es dingo, tonton, de parler de restauration ! Ce serait commettre un crime, de gâter ces effets de clair-obscur ; l’appareil à désinfecter a eu du génie ; c’est d’une originalité puissante… aussi beau que de l’art nègre. Je te les prends comme ça, tes toiles…

Et, s’adressant à Cheyne :

— Is it not lovely, dear old boy ?