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Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/292

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le moins elle passerait la soirée parmi des visages amicaux.

Je n’avais pas compté en vain sur le bon cœur de ma tante. Dès les premiers mots, elle s’apitoya et me fit l’offre attendue.

— Non, non, Gaston, tu ne vas pas mener à l’hôtel cette pauvre petite ; nous la mettrons dans la chambre d’amis.

Aurore accepta avec reconnaissance. Elle se laissait envelopper d’une affectueuse compassion qui ouatait sa douleur. Ma tante, s’informant de ses goûts, s’affairait entre la cuisine et la salle à manger, pour nous préparer « un petit diner bien léger ». Mon oncle fut parfait : sans prétendre à l’éloquence des consolations, il mettait une sourdine à sa voix tonitruante, parlait de la gelée prochaine, communiquait ses observations du thermomètre disposé dans la cour, qui en une heure descendit de 3° 1/2 à 1° au-dessus. Le jeune Oscar lui-même s’efforçait de distraire « la demoiselle », en lui exhibant une boîte de meccano et construisant « pour elle » un superbe monoplan… Et moi, tandis qu’elle se tamponnait les yeux, je songeais à l’avenir plus serein et rêvais d’un autre enfant, qui aurait ses yeux et sa bouche…

Comme on se mettait à table, une immense rumeur s’éleva sur la ville ; des sirènes meuglaient, les cloches des églises sonnaient à toute volée. Les prévisions de l’Office Météorologique se réalisaient…

À 21 heures, le thermomètre extérieur marquait −2°.