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Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/301

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monté, nous serions déjà plus que suffisamment pourvus. Nous avons des goûts simples tous les deux, et Aurore n’a même pas voulu que nous cherchions un autre appartement que le mien, dans le vieil immeuble de la rue Cortot ; comme il est vaste, elle en fait un logis très agréable. Mais elle ne supporterait pas l’oisiveté et je me jugerais criminel de confisquer une intelligence comme la sienne. Nathan, qui lui témoigne à sa manière rogue une affection paternelle, l’a fait nommer préparatrice à son laboratoire de l’Institut, où elle travaille avec lui. Le service n’a rien d’astreignant, et nous ne restons jamais séparés plus d’une demi-journée. Elle bénéficie de quatre mois de vacances. L’été dernier, Nathan est venu passer une quinzaine dans notre villa de Bretagne, et j’ai appris à le connaître mieux et presque à l’aimer ; sous ses dehors olympiens, ce savant est un homme comme les autres. Je l’ai vu rire à diverses reprises, lorsque je le bats aux échecs, où il joue avec une maladresse qui le divertit lui-même. Et ces petites victoires ont beaucoup contribué à me rendre moins timide en sa présence. Pour un peu je me croirais son supérieur quand je le fais échec et mat plus vite qu’à l’ordinaire. Mais j’admire toujours l’aisance parfaite d’Aurore, qui s’entretient avec lui d’égale à égal.

Et les météorites ? Ils sont au Muséum, dans une vitrine de la salle aux bolides : un petit tas de poussière noire sur une soucoupe de verre, à côté de cette autre soucoupe qui contient des granules pareillement