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Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/34

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à l’importation sur terre de la poudre météoritique.

Au sortir de chez Alburtin, je pris par les petites rues pour gagner directement le port et l’hôtel Cendrillon, où je logeais. J’évitais ainsi de passer devant la terrasse de La Réserve, où, vu la douceur de la soirée, j’eusse couru le risque de rencontrer les de Ricourt, avec leur bande habituelle de « Montparnos »… Luce et Géo ne manqueraient pas de me demander pourquoi on ne m’avait pas vu au dîner ; et je ne tenais pas du tout à fournir des explications à Luce devant ces gens-là… D’ailleurs, ne fût-ce que pour me bien prouver que je suis un homme libre !… Il ne faut pas qu’un flirt de plage devienne tyrannique au point d’obliger à rendre compte de toutes ses actions !

Un flirt ! Luce de Ricourt !… Et j’eus un ricanement sarcastique. Ah ! ah ! mademoiselle Lucy ! Vous croyez le tenir en servitude, par la grâce de votre beauté de rousse Danaé, ce bon jeune homme de peintre que vous brimez, que vous exploitez, ce Tonton que vous tournez sans cesse en bourrique. Mais vous allez voir demain comme il s’occupe encore de vous !

Toutes les taquineries de Luce, sa sécheresse de cœur, les incompatibilités qui nous séparent me reviennent à la fois, dans cette promenade solitaire que je fais au bout du môle, sous les étoiles, et je la déteste, Luce, je rejette son emprise ; il n’existe plus pour moi qu’une femme au monde : Aurore Lescure, la fille tombée du ciel… Aurore, l’aurore d’une vie nouvelle…