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Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/73

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Je l’entraînai, la soutenant par le bras, car elle vacillait. Sur le quai des Belges, je l’installai à une terrasse de café presque déserte et l’obligeai à boire quelques gouttes de madère. Alors seulement, je repris :

— Votre père accepte donc de soutenir les… allégations prématurées de M. Cheyne ?

— Attendez… Que je vous parle d’abord de lui, Mon père est un savant hors classe, « le nouvel Edison », comme on le reconnaît aujourd’hui, depuis que Lendor a « rationalisé » l’exploitation de son génie. Mais par lui-même, mon père, en véritable inventeur, n’a jamais su tirer parti de ses découvertes ; il ne s’en est jamais occupé ; au contraire, il a englouti dans ses recherches toute sa fortune propre et celle que je tenais de ma mère. Il a fini, voici deux ans, par se trouver hypothéqué, couvert de dettes, plus que ruiné. Alors, pour pouvoir continuer ses travaux, qui sont sa vie même, et, dans son idée, pour refaire la fortune dont il m’avait lésée, renonçant à son indépendance de chercheur, il accepta les propositions d’un grand brasseur d’affaires des États-Unis, Lendor-J. Cheyne, qui s’est institué son « manager ».

« Vous comprenez mieux maintenant quel genre d’homme est mon père. C’est l’inventeur pur. Il ne voit guère de différence entre la réalité d’aujourd’hui et celle de demain, dès que toutes deux peuvent s’exprimer par des épures correctes. Et il a déjà établi celles de la fusée M. G. 22, qui sera susceptible, elle, d’atteindre