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Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/75

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Pour obtenir de lui ce crédit indispensable, il faut nourrir sa foi par des illusions, des anticipations. On a le droit de le tromper, dans son propre intérêt. Voilà la thèse de Lendor-J. Cheyne, la justification qu’il m’a donnée de son projet, lorsqu’il m’en a fait part.

« Je dois ajouter encore une chose, c’est que mon père, malgré son titre fallacieux de Directeur Technique de la Moon Gold, est, par le contrat qu’il a imprudemment signé avec son manager, à la merci absolue de Lendor, et que Lendor n’hésiterait pas à le renvoyer froidement comme un simple contremaître tout en gardant ses plans et accaparant ses inventions, s’il ne trouvait plus en lui et en moi des collaborateurs dociles à suivre ses directives… ou si je me refusais, en devenant sa femme, à lui apporter la copropriété légale de tous les brevets dont il use déjà au nom de la Moon Cold… Et pareil renvoi, à l’âge de mon père, causerait sa mort.

« Telle est donc la situation. Lendor-J, Cheyne veut imposer à mon père et à moi l’obligation de soutenir la fable que la Lune a été atteinte dès ce premier raid. Mon père y a consenti, moi pas. Je crois à la force suprême de la vérité. Ou plutôt c’est chez moi une question instinctive et atavique de propreté morale ; car, logiquement, j’admets que l’opinion de Lendor peut se soutenir, et je ne le condamne pas, du point de vue affaires. Moi-même, je suis persuadée que la réussite est inévitable et toute proche, que l’on est à la veille de