Page:Vasari - Vies des peintres - t1 t2, 1841.djvu/109

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l’adoration de la forme, étaient encore peut-être, à tout prendre, ce que le paganisme offrait de plus résistant et de plus vivace. Le culte sévère des catacombes dont les chrétiens sortaient à peine, la renonciation à toute chose où les anachorètes allaient entrer, n’étaient point, de leur nature, faits pour embrasser et relier dans la communion nouvelle les peuples vieillis et profondément viciés de l’empire, et les peuples enfants que chassait la pauvreté du nord, et qu’appelaient les délices du midi. La propension à l’ornement, le culte des images, contre lesquels l’idée toute spiritualiste du Christ avait dû s’inscrire dès l’origine, l’avaient déjà débordée dans les sombres retraites, dans les sépulcres lugubres, où elle s’abrita dans les premiers jours. La politique de l’église avait envahi le monde avant sa morale. L’estime dans laquelle elle tint Constantin, son premier appui, en dépose hautement. Le monde était païen encore, et l’église, qui avait hâte et voulait régner vite, en bien des points usa de transactions. On venait à elle de tous côtés et par tous motifs ; on venait à elle par la foi, mais aussi par l’esprit de nouveauté et de contradiction ; on venait à elle par dévouement, mais aussi par calcul ; on acceptait ses dogmes avec naïveté, mais on les commentait aussi avec toutes les subtilités académiques. On se rangeait dans la communion par l’esprit de fraternité, mais on s’y prévalait aussi, par orgueil, de sa naissance et de sa caste. L’église, prudente et patiente, ne voulut pas dépasser les bornes du possible, et elle laissa autant qu’elle put dans le vague les controverses irritantes