Page:Vasari - Vies des peintres - t1 t2, 1841.djvu/125

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tégeant, ne lui avait certes encore imposé aucune idée mère, aucune forme nouvelle. L’art byzantin fut pris et manié par les différents peuples auxquels il s’adressa, suivant leurs instincts, suivant leurs nécessités et les circonstances dans lesquelles ils se trouvèrent. Resta-t-il longtemps assez semblable à lui-même, pour que le nom qu’il devait au souvenir de Byzance pût l’embrasser parfaitement, et suffire à désigner les modifications locales qu’il eut à subir ? Que de noms l’art byzantin n’a-t-il pas dû recevoir, sans qu’on ait exprimé peut-être tous les caractères et toutes les formes par lesquels il passa ? grec, constantinopolitain, lorsqu’il est dans son centre ou sur ses domaines le plus récemment perdus, dans l’Exarchat de Ravenne, dans les Iles, à Naples, et dans toutes les villes du littoral qui retrempent sans cesse le goût de leurs ouvriers à sa source, par leurs excursions maritimes ; greco-romain à Rome, où persistèrent jusqu’au moment de la renaissance de l’art, et à travers toutes les fortunes, quelques vestiges de ces vieilles écoles importées de la Grèce sous les empereurs ; néo-greco, italien, latin et lombard dans le restant de l’Italie ; roman et rhutenique, avec toutes les nuances et toutes les distinctions que ces noms comportent, dans l’Occident et dans le Nord.

Où donc trouverons-nous le symbolisme unitaire, la forme immuable, l’expression consacrée, le caractère traditionnel, et le cachet d’universalité et d’exclusion qu’on a prétendu que la religion chrétienne avait imprimés à l’art ? Sans aller, à cet égard,