Page:Vasari - Vies des peintres - t1 t2, 1841.djvu/129

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et d’immobilité que nous avons attribué aux sacerdoces antiques, et dont, en définitive, la philosophie et l’art grec, l’épée et la corruption romaine, avaient déjà travaillé à débarrasser notre monde. Certes, les chrétiens n’ont pas reculé. Le christianisme, au contraire, nous semble avoir voulu ouvrir des voies incommensurables, en appelant justement l’homme et l’art à une activité plus complète, à une activité plus indépendante. Il nous semble, au contraire, avoir investi sciemment l’homme et l’art de tout ce qui avait coûté tant d’efforts et tant de sacrifices à leur double génie. Il nous semble n’avoir pas voulu rétrécir leur double domaine, en déclinant tout héritage, en reniant toute antique tradition. La lenteur qu’il a mise à son œuvre, les difficultés qu’il y a essuyées, les transactions auxquelles il a consenti, n’y font rien. Son premier et légitime mouvement de colère contre les richesses découlant d’une source profane, les soins qu’il a pu prendre pour en moraliser l’usage, et plus tard, l’oubli même de ces soins, ont probablement concouru à la fonction qu’il venait accomplir, celle de conserver, en le continuant et en le purifiant, l’ancien monde qui n’était plus capable de marcher. Cette appropriation constante et de plus en plus générale et progressive, de tous les matériaux, de toutes les connaissances, de toutes les idées, de toutes les tendances du passé, ne constituerait-elle pas la sagesse du christianisme dans toutes ses phases ? Leur fusion de plus en plus homogène, leur alliance de plus en plus harmonieuse et complexe, leur jeu de