Page:Vasari - Vies des peintres - t1 t2, 1841.djvu/156

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Pomponio Gauric, Ghiberti, dans les écrits qu’ils ont laissés sur la sculpture, et l’illustre Pétrarque, si versé dans toutes les choses de goût, se sont explicitement prononcés à cet égard. Tous admettent le retard de la sculpture dans la marche générale de l’art. D’où cela pouvait-il venir ? Y en a-t-il une raison saisissable en dehors de ce que la théorie et la philosophie de l’art peuvent fournir ? Y a-t-il à cela une cause purement technique, purement matérielle, que tout ouvrier, si inculte qu’il soit, puisse comprendre ? Nous le croyons. Et nous pensons aussi qu’il est bon de le faire ressortir ; car il faut quelquefois, il nous semble, éclairer l’histoire de l’art par les aperçus tirés de l’intimité du métier. Les Byzantins, les Lombards ne travaillaient pas d’après nature. Par nature, ici nous entendons simplement l’apparence extérieure de l’objet réel, existant, aussi circonscrit et insignifiant qu’on le voudra, que l’artiste se propose d’imiter par la ligne et le ton, par le relief et le creux, suivant qu’il est sculpteur ou peintre. Les Byzantins, les Lombards ne regardaient pas même la nature, ou, si l’on veut, ils la regardaient comme la regardent tous ceux, sans exception, qui n’ont point à chercher son imitation, ni à pénétrer, ni à découvrir, ni à choisir les indications que l’objet porte en soi, et dont l’outil et l’œil de l’artiste s’emparent comme ils peuvent, en s’exerçant, et en se rectifiant sans cesse. La difficulté de l’apprentissage pour eux consistait dans l’appropriation des moyens, des mesures qu’ils avaient à prendre pour répéter complètement ou mélanger entre eux