Page:Vasari - Vies des peintres - t1 t2, 1841.djvu/19

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compacte de commentaires, d’interprétations ou d’additions. On les a crus indispensables pour rectifier, éclaircir ou rafraîchir un auteur qui date de bientôt trois cents ans. On est loin, ce nous semble, d’y être arrivé. Nous le posons en fait ici ; plus tard nous tâcherons de le démontrer. On aurait, suivant nous, très bien fait de laisser le Vasari tranquille dans son incorrection, dans sa naïveté, dans son désordre, dans sa partialité, dans tous les défauts enfin qu’on lui reproche. Son livre était né viable, ou ne l’était pas. S’il l’était, on n’avait pas besoin de lui tendre ainsi la main pour qu’il fît son chemin ; et s’il ne l’était pas, on devait en faire son deuil, en extraire le peu qu’on pouvait en extraire, et le laisser. Mais, loin de là, le recueil du Vasari était regardé comme une œuvre importante, comme le document principal, comme la base et la clef de toute saine intelligence de l’art en Italie. Il fallait donc absolument reproduire souvent ce livre, et naturellement il se trouva plus d’un écrivain satisfait d’y pouvoir attacher son nom. De plus, il y avait trop de charme à pouvoir défendre ou attaquer un homme comme Vasari, pour que beaucoup de personnes renonçassent à l’entreprendre, d’une manière ou d’une autre, en longs traités ou en simples notices, dédaigneusement et en se jouant, ou sérieusement et en creusant la matière. Pas un savant, pas un connaisseur, de ceux qui écrivent sur les arts, qui fût capable de s’en priver. Jugez quel besoin durent en avoir les gens ignorants et sans goût qui ne veulent pas, comme il est juste, paraître tels. Le Vasari, chez lui-même et de toutes parts, fut donc minutieusement contrôlé, chaudement défendu, et surtout fréquemment invectivé.

Quel parti devions-nous prendre dans la situation tout à fait exceptionnelle de notre auteur ?

Devions-nous nous borner à n’en produire qu’une simple traduction ? Nous ne l’avons pas cru. Une glose en appelle une autre, c’est l’ordinaire. Nous n’eussions pas voulu commettre la première, ni attacher ce grelot au livre du Vasari, mais nous ne devions pas éviter d’entrer dans la voie ouverte. En ne donnant que la traduction du texte de notre auteur, nous n’eussions paru fournir