Page:Vasari - Vies des peintres - t1 t2, 1841.djvu/197

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âge, à tous ces constructeurs, à tous ces peintres, à tous ces miniaturistes, à tous ces sculpteurs, à tous ces orfévres, à tous ces mosaïstes, enfin à tous ces rudes et naïfs ouvriers, pour avoir le droit de dire qu’on les a jugés.

Disons donc, et dans ce premier volume du père de l’histoire de l’art moderne, que l’art dans tous ses temps mérite d’être étudié et connu ; car, si l’on rompt la tradition, le présent ne sait plus ce qu’il est, ni l’avenir où il va. Qui donc ne voudrait pas comprendre que, si l’on doit s’informer des causes qui ont produit les époques glorieuses, il y a profit aussi à connaître celles mêmes qui ont déterminé les époques les plus mauvaises ? En effet, quand on sait d’où le mal vient, n’est-on pas mieux à portée d’en prévoir et d’en retarder le retour ?

Pour parvenir à ce but, dans la question qui nous occupe, il suffit de remonter les temps, afin d’en suivre l’ordre d’une manière efficace. Il faut donner un coup d’œil attentif à l’ensemble des travaux accomplis par l’art dans cette suite d’années qu’on a tour à tour, suivant les différents systèmes, appelées les temps de l’école byzantine, de la décadence, de la barbarie, du moyen-âge ; il faut y voir fonctionner l’art dans toutes ses branches, sous toutes ses inspirations, et dans toutes ses nécessités et ses convenances : terrain immense, immense période, qui n’ont guère jusqu’ici attiré l’attention que des curieux et des archéologues, mais que les artistes ont totalement négligés.

Sans doute cette entreprise nécessite de longues