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GIOTTO

grand tableau en détrempe (5) : Giotto n’avait encore rien produit d’aussi parfait. Benoît IX, enchanté, lui donna six cents ducats d’or, et l’accabla de tant de faveurs, qu’on en parla dans toute l’Italie. Pour ne rien taire de ce qui peut intéresser l’art, je dirai que Giotto se lia intimement à Rome avec Oderigi d’Agobbio, habile miniaturiste, qui orna, pour la bibliothèque du palais du pape, un grand nombre de livres, dont la plupart ont été malheureusement détruits par le temps. Ma collection renferme quelques dessins de ce maître, qui fut surpassé par Franco de Bologne (6), qui, à la même époque et pour la même bibliothèque, exécuta une foule d’admirables miniatures. Je possède de lui deux dessins représentant un aigle, et un arbre brisé par un lion.

Le Dante fait mention de ces deux artistes de talent dans ce passage du onzième chant de son Purgatoire :


       Oh, diss’io lui, non se’tu Oderisi,
     L’onor d’Agobbio e l’onor di quell’arte
     Ch’alluminare è chiamata in Parisi ?
       Frate, diss’egli, più ridon le carte
     Che pennelleggia Franco Bolognese :
     L’onore è tutto or suo, e mio in parte.


Le pape fut tellement enchanté des ouvrages de Giotto, qu’il lui ordonna de décorer le pourtour de Saint-Pierre de sujets de l’Ancien et du Nouveau-Testament. Giotto exécuta alors à fresque l’Ange haut de sept brasses, qui est au-dessus de l’orgue, et une