Page:Vasari - Vies des peintres - t1 t2, 1841.djvu/250

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passionnait pas pour si peu : c’était pour lui l’audacieux résumé de toute une doctrine, comme nous le ferons voir ailleurs ; c’était la fanatique réprobation de tout ce que la peinture à l’huile devait développer et faciliter ; c’était toutes les ruses de l’ignorance et toutes les finesses de la médiocrité ; c’était tous les mensonges, et toutes les fadeurs que la peinture à l’huile mieux que toutes autres embellit et déguise ; mais c’était aussi tous les charmes qu’elle prodigue, et toutes les ressources qu’elle donne aux talents les plus variés et les plus réels, que le dessinateur austère et inspiré de Florence entendait proscrire : ressources énormes cependant, et par leur nombre et par leur portée ; vaste champ qui s’ouvre à tous, et où chacun, pour peu qu’il soit disposé, se promet de ramasser un épi. Michel-Ange, en maudissant la peinture à l’huile, maudissait l’habileté, l’esprit, le prestige, le bonheur de l’exécution, par lesquels surtout Salvator-Rosa et tant d’autres, maigres dessinateurs, coloristes douteux, surent cependant s’élever au rang des maîtres. Il repoussait la richesse et la limpidité, la solidité et l’audace de l’effet, par lesquels y furent portés d’emblée le Guerchin, le Caravage, le Spada, le Calabrese, et notre Valentin ; tous dessinateurs sans correction ou sans noblesse, coloristes sans grâce ou de peu de finesse. Michel-Ange tenait peu compte de la puissance, de la souplesse, de la vérité du modelé, de la suave harmonie, de la savante dégradation, qui firent presque le Giorgion et le Corrége ses égaux. Il méprisait surtout la qualité et cette in-