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BUONAMICO BUFFALMACCO.

de précision ce que nous semble avoir été le moyen-âge à propos d’art. Le moyen-âge fut donc à notre sens une époque où l’artiste n’eut guère, au fond, d’autre mobile que la nécessité, d’autre inspiration que l’instinct, d’autre règle que le hasard. Tous les monuments que cette époque nous a laissés ont un caractère d’incohérence et de monotonie qui nous paraît jusqu’ici avoir été mal expliqué. D’abord, ce double et indivisible cachet que nous leur attribuons, et qui en réalité a frappé tout le monde, n’a été franchement exprimé par personne. Chacun a été empêché par son système ou religieux, ou philosophique, ou littéraire ; chacun a été amené à exagérer les naïfs témoignages de ses inspirations personnelles ; chacun s’est cru obligé de les scinder afin d’en masquer une partie. Les admirateurs exclusifs de l’antiquité grecque ou romaine ont surtout fait saillir le côté incohérent de l’art du moyen-âge ; ils auraient craint, en appuyant autant sur sa monotonie, d’être entraînés à avouer l’existence et la consécration chez lui de certaines règles. Le côté incohérent faisait seul leur affaire. En poussant à la roue, ils devaient arriver facilement à faire passer cette incohérence pour de la pure barbarie dérivant d’une complète ignorance. Les promoteurs actuels de la rétrogradation prétendue catholique ont passé, au contraire, sous silence le malencontreux côté de l’incohérence qui les gênait et pouvait faire croire à la liberté ou à l’indiscipline des travailleurs, pour ne laisser apercevoir que celui de la monotonie qui les arrangeait mieux. Avec un peu d’aide et de fa-