Page:Vasari - Vies des peintres - t1 t2, 1841.djvu/365

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becquetant les fruits, et tous les motifs si connus de leur ornementation. On peut admettre même que l’idée dut leur venir d’encastrer maintes fois, au centre des dispositions comparties de quelque riche pavement, une scène dans le genre de celles qu’ils ont traitées avec tant de grâce et de simplicité : des nymphes endormies ou abreuvant quelque animal fantastique, des danseurs, des acteurs, des joueurs de flûte ou de castagnettes. C’est ainsi que sont entendues les belles mosaïques antiques ; celle qu’on a trouvée à Orticoli, dans le dernier siècle, et qui est le plus bel ornement de la salle circulaire du musée Pio-Clementino ; celle d’Italica, et la fameuse Prénestine qui pavait, sous Sylla, le fastueux temple de la Fortune à Præneste.

Mais quand les Romains aimaient une chose, ils la poussaient loin, comme on sait. Déjà César se faisait suivre, dans le cœur de la Gaule, par les marbriers ; et, au milieu de ses expéditions, les compartiments de l’opus tesselatum et sectile se dressaient à la hâte dans sa tente[1]. Plus tard, Héliogabale ne faisait-il pas paver en pierres précieuses sa cour, où il présumait avoir un jour à se casser la tête, quand Rome ou plutôt ses prétoriens seraient décidément las de lui ?

Mais, bien avant Héliogabale, les Romains, qui aimaient les mosaïques et qui en voulaient partout, ne se contentaient plus d’en orner le parvis de leurs

  1. In expeditionibus tesselata et sectilia circumtulisse. — Suétone ; voir le Commentaire de Casaubon.